11 questions que tout le monde se pose sur la Chartreuse !
La Chartreuse, cette liqueur verte mystérieuse qui illumine les bars du monde entier, fait l’objet de nombreuses questions et superstitions. Entre réalité historique et légendes tenaces, démêlons le vrai du faux sur cette boisson aux 130 plantes secrètes.
La Chartreuse, c’est à découvrir… mais avec beaucoup de sagesse. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, alors on y va mollo et on garde le plaisir intact !

Est-ce que la Chartreuse est vraiment faite par des moines ?
Verdict : OUI, c’est authentique !
La Chartreuse est bel et bien produite par les moines chartreux, et ce depuis 1605. Seuls deux à trois moines détiennent réellement la recette secrète à chaque époque. Ces religieux, vivant dans le silence du monastère de la Grande Chartreuse près de Grenoble, préparent personnellement les mélanges de plantes dans la « salle des plantes » au monastère.
Le processus est fascinant : les moines descendent périodiquement à la distillerie d’Aiguenoire à Entre-Deux-Guiers pour superviser la fabrication. Les salariés de la distillerie ne connaissent pas les ingrédients exacts. Cette organisation permet aux Chartreux de maintenir leur mode de vie contemplatif tout en préservant le secret de fabrication.
Une anecdote savoureuse raconte que les moines détenteurs de la recette ne voyageraient jamais dans la même voiture, pour éviter qu’un accident ne fasse disparaître à jamais le précieux secret. Prudence monastique ou légende urbaine ? Le mystère demeure…

Est-ce que les Américains en veulent vraiment beaucoup mais qu’on n’arrive pas à fournir ?
Verdict : TOTALEMENT VRAI !
Depuis 2021, les États-Unis vivent une véritable pénurie de Chartreuse. Les ventes ont doublé en trois ans outre-Atlantique , créant une situation rocambolesque dans les bars américains. Des barmen payent des bouteilles 80 dollars au lieu de 40, quand ils arrivent à en trouver.
L’explication est surprenante : pendant le Covid-19, les Américains confinés se sont mis à reproduire leurs cocktails préférés à la maison, augmentant drastiquement la demande particulière. Résultat : même en France, la vente est désormais limitée à 6 bouteilles par personne au magasin de Voiron.
Mais voici le plus étonnant : les moines refusent délibérément d’augmenter la production ! Emmanuel Delafon, président de Chartreuse Diffusion, explique que depuis 2019, la décision de ne plus suivre une demande « devenue frénétique » a été prise. Les Chartreux privilégient une « croissance tranquille » et une « production raisonnée », en accord avec leurs valeurs spirituelles.
Est-ce que ça permet vraiment de digérer ?
Verdict : HISTORIQUEMENT DOCUMENTÉ, MAIS…
La réputation digestive de la Chartreuse n’est pas qu’un mythe de grand-mère ! Historiquement, l’élixir végétal était commercialisé comme remède médical. Un encart publicitaire de 1929 vantait ses vertus contre « les indigestions, maux d’estomac, syncopes, influenza, choléra et mal de mer ».
Au XIXe siècle, selon la Revue d’Histoire de la Pharmacie, l’élixir était utilisé comme digestif, vermifuge et contre diverses affections. Les 130 plantes médicinales qui composent la formule comprennent des espèces aux propriétés reconnues : lavande, marjolaine, sauge, thym , dont certaines atténuent l’anxiété et favorisent la digestion.
Cependant, aucune étude médicale moderne n’a prouvé scientifiquement ces effets.

Est-ce qu’il y a vraiment 130 plantes à l’intérieur (ou 25 475 comme certains le prétendent) ?
Verdict : 130 PLANTES, PAS UNE DE PLUS !
Le nombre officiel est bien 130 plantes, fleurs, épices, écorces, racines et baies. Cette information est constamment répétée par les sources officielles et n’a jamais varié depuis 1764.
Quelques ingrédients identifiés par des analyses indépendantes : menthe, hysope, mélisse, armoise, angélique, cannelle, clou de girofle, macis, coriandre, thym, citronnelle, fenouil, verveine, estragon, genépi, cardamome, baies de genièvre. Mais la liste complète reste secrète !
Cette composition nécessite 24 tonnes de plantes naturelles acheminées chaque année au monastère. Un approvisionnement colossal qui explique la complexité logistique de cette recette millénaire.
Est-ce que la vraie c’est la verte ou la jaune ?
Verdict : LES DEUX SONT AUTHENTIQUES !
Il n’y a pas de « vraie » Chartreuse ! Les deux versions sont également légitimes et authentiques, fabriquées par les mêmes moines avec les mêmes 130 plantes, mais dans des proportions différentes.


La verte a aujourd’hui plus de succès, notamment grâce à son adoption dans les cocktails américains. Mais historiquement, la jaune ornait « la table du tsar de Russie » et jouissait d’un prestige supérieur.
Petit secret de connaisseur : il existe même des mélanges ! L’« épiscopale » (⅓ verte, ⅔ jaune) et la « cardinale » (⅔ verte, ⅓ jaune).
Est-ce les ZZ Top étaient vraiment fans de Chartreuse ?
Verdict : TOTALEMENT CONFIRMÉ !
La Chartreuse a ses propres groupies rock ! Frank Zappa et Tom Waits la citent dans leurs chansons. Bruce Springsteen en parle dans sa biographie. Mais les plus touchants sont les ZZ Top qui lui ont carrément dédié une chanson intitulée… « Chartreuse » !
L’histoire est croustillante : l’idée leur vient au lendemain du festival Musilac à Aix-les-Bains en 2012. Les rockers texans découvrent la liqueur française et sont tellement emballés qu’ils lui composent un hymne ! Dans les paroles : « Chartreuse, you got the color that turns me loose ».
Quentin Tarantino l’évoque dans ses films Boulevard de la Mort et Inglourious Basterds. Amélie Nothomb la mentionne dans ses livres. Cette liqueur monastique est devenue un véritable « badge VIP » dans la pop culture internationale !
Est-ce que les bouteilles anciennes de Chartreuse se vendent à prix d’or ?
Verdict : C’EST DE LA FOLIE FURIEUSE !
Sur eBay, c’est la ruée vers l’or vert ! Les prix s’envolent : 150€ pour une bouteille sérigraphiée ancienne , 220€ pour une Gran Licor Cartujo d’époque espagnole , et on trouve des enchères qui montent jusqu’à 2 600€ pour les flacons les plus rares !
Le plus amusant ? Un « Baume des Chartreux » du XIXe siècle se vend 29€ , alors que les bouteilles modernes rationnées atteignent parfois 300-400€. Les collectionneurs se battent pour des reliques de l’époque où la Chartreuse était produite en Espagne (1903-1929) lors de l’exil des moines.
Certains flacons anciens encore pleins deviennent des objets de spéculation pure, transformant cette liqueur spirituelle en investissement… très temporel !

Est-ce vrai que la Chartreuse a survécu à un éboulement miraculeux ?
Verdict : MIRACLE OU COÏNCIDENCE DIVINE !
Novembre 1935 : une partie de la montagne s’effondre et détruit entièrement la distillerie des moines. Sept bâtiments rasés… sauf un ! Et devinez lequel ? Celui qui abrite les alambics et des centaines de tonneaux contenant les précieuses liqueurs !
Les journalistes de l’époque titrent : « Le bon dieu récupère sa précieuse liqueur ». Coïncidence ou intervention divine ? Les moines, eux, ne se posent pas la question : ils reconstruisent et continuent.
Cette anecdote alimente encore aujourd’hui les légendes locales sur la protection mystérieuse dont jouirait cette liqueur bénite !

Est-ce que les moines ont vraiment fui en prison avec la recette pendant la Révolution ?
Verdict : THRILLER MONASTIQUE CONFIRMÉ !
L’histoire ressemble à la fin de Rogue One ! Pendant la Révolution, les moines se dispersent mais l’un d’eux garde l’original de la recette sur lui en permanence. Malheureusement, il se fait arrêter et emprisonner à Bordeaux avec le précieux document.
Plot twist : le moine réussit à faire sortir le manuscrit de sa cellule grâce à Dom Basile Nantas, un ami complice, et à des gardiens compatissants !
Est-ce que les moines utilisent vraiment du correcteur liquide sur leurs factures ?
Verdict : LÉGENDE URBAINE HILARANTE !
Cette rumeur non-confirmée mais délicieuse raconte que quand le monastère s’approvisionne en plantes, un moine masque scrupuleusement chaque facture au correcteur liquide avant de la jeter. Objectif ? Empêcher les « fouilleurs de poubelles » de reconstituer la liste des 130 plantes !
Mythe ou réalité ? Impossible à vérifier, mais l’image d’un moine chartreux armé d’un Tipp-Ex face à une pile de factures de thym et de gentiane est irrésistiblement comique !
Cette anecdote illustre parfaitement la paranoïa séculaire entourant la protection du secret.
Est-ce que les moines ont vraiment été expulsés « manu militari » de leur monastère ?
Verdict : DRAMATIQUE MAIS VRAI !
29 avril 1903 : les gendarmes débarquent au monastère pour expulser de force les moines chartreux. Motif ? La loi anticongrégationniste de 1901. Les religieux sont contraints de plier bagage et s’exilent en Italie à Farneta.
Le plus touchant ? Ils emportent leur secret avec eux et continuent à produire la Chartreuse depuis l’étranger ! Il faudra attendre 37 ans et la débâcle de 1940 pour qu’ils puissent réintégrer discrètement leur monastère.
Cette expulsion forcée crée la fameuse « Chartreuse de Tarragone » espagnole, aujourd’hui objet de toutes les convoitises chez les collectionneurs. L’exil politique transformé en trésor œnologique !
L’histoire fascinante derrière les légendes
Cette liqueur tire son origine d’un mystère non résolu. En 1605, le Maréchal François-Annibal d’Estrées, frère de Gabrielle d’Estrées (maîtresse d’Henri IV), remet aux moines chartreux de Paris un manuscrit anonyme. D’où vient ce document ? Qui en est l’auteur ? Le mystère demeure entier après plus de 400 ans !
Il fallut 159 ans de recherches aux moines pour déchiffrer cette recette complexe. Ce n’est qu’en 1764 que le frère Jérôme Maubec réussit à créer l’élixir définitif.
Depuis, la Chartreuse a traversé révolutions, expulsions et guerres. Les moines ont été chassés en 1793, puis en 1903, s’exilant en Espagne. Chaque fois, ils ont emporté leur précieux secret, refusant de le céder même aux autorités.
Cette résistance monastique face aux tentations du monde moderne fait de la Chartreuse bien plus qu’une simple liqueur : un symbole de fidélité à des valeurs intemporelles, où le profit ne prime jamais sur la tradition.
Alors la prochaine fois que vous dégusterez cette liqueur verte (ou jaune !) avec modération, souvenez-vous que vous buvez littéralement des siècles d’histoire, de mystère et de savoir-faire artisanal. Et si mamie préfère sa Chartreuse sur un sucre, elle n’a pas tout à fait tort : c’est effectivement une tradition séculaire, même si les vertus digestives relèvent aujourd’hui davantage de la croyance que de la médecine !
J’avais 17 ans, mono de colonie à Coublevie. Tous les jours, une fois les enfants à la sieste, avec mes collègues nous descendions visité la distillerie, car nous savions qu’à la fin de la visite il y avait une dégustation. Les moines nous avaient repérés et nous passions directement à la dégustation ce qui évitait la visite par ailleurs très intéressante. Merci à eux c’était en 1963 ou 64.